Transhumance Urbaine contre l’identification électronique et la certification de la « voie mâle »

Nouveaux communiqués reçu à ce sujet :

TOUS MOUTONS

Jeudi 24 octobre, les éleveurs et bergers de Rhône Alpes et d’ailleurs manifestent dans les rues de Lyon contre une obligation qui leur est faite. Celle de pucer électroniquement leurs animaux. Il s’agit donc pour eux d’appliquer une puce RFID (sorte de code barre électronique) à leurs animaux. Nous ne sommes pas éleveurs, si nous défilons avec eux et avec ces masques de moutons c’est que nous aussi sommes pucés.

E

n début de semaine, un nouveau rebondissement dans l’affaire Snowden fît la Une des journaux. Une nouvelle fois, les journalistes firent mine de redécouvrir les horreurs qu’ils avaient constaté au printemps : la NSA est en capacité d’espionner tout le monde, pas simplement dans son propre pays, et d’ailleurs elle ne s’en prive pas. Il faudrait être idiot pour reprocher à la police de faire son travail, c’est-à-dire dans ce cas, aux services secrets d’espionner tout le monde. À partir du moment où la technologie offre cette possibilité pourquoi le pouvoir se priverait-il de l’utiliser ? Ce qui est terrifiant en revanche c’est l’ampleur de cette surveillance : plus personne aujourd’hui ne peut prétendre échapper à ça, ni à la dépendance qui nous lie aux nouveaux outils technologiques. Car ce sont précisément nos prothèses technologiques qui permettent cette surveillance généralisée. Mais pouvons-nous réellement vivre sans ? Qui peut encore se passer d’internet ? De téléphone portable ? Qui peut encore se déplacer (en métro, par autoroute) sans générer des données sur ses déplacements ? De la même façon que nous critiquons le nucléaire parce que nous sommes contraints de l’utiliser, nous critiquons ces mouchards électroniques car on nous contraint à les utiliser. À moins d’arrêter de vivre, nous n’avons tout simplement pas le choix d’être espionné.

S

i nous manifestons aujourd’hui avec les éleveurs ce n’est pas simplement par solidarité, ni pour préserver ce reste de paysannerie que l’industrie n’a pas fini de saccager. C’est aussi et surtout parce que le destin que l’on réserve aux bergers paraît étonnement proche du nôtre. Qui peut prétendre encore trouver un sens, une liberté et une autonomie dans un travail où l’on nous dépossède constamment ? Combien d’emplois perdus sous les coups d’une automatisation que nous n’avons pas choisie ? Quel est ce monde où nos rapports sociaux tendent de plus en plus à passer par les cases d’une bureaucratie informatique ? Notre dialogue avec l’administration se limite t’il  à appuyer sur la touche étoile ?

« 

La civilisation des machines exige de vous une discipline chaque jour plus stricte. Elle l’exige au nom du Progrès. La civilisation des machines est elle-même une machine, dont tous les mouvements doivent être de plus en plus parfaitement synchronisés. La Technique prétendra tôt ou tard former des collaborateurs acquis corps et âme à son Principe, c’est-à-dire qui accepteront sans discussion inutile sa conception de l’ordre, de la vie, ses Raisons de Vivre. Dans un monde tout entier voué à l’Efficience, au Rendement, n’importe-t-il pas que chaque citoyen, dès sa naissance, soit consacré aux mêmes dieux ? (…) L’Etat technique n’aura demain qu’un seul ennemi : « l’homme qui ne fait pas comme tout le monde » – ou encore : « l’homme qui a du temps à perdre » – ou plus simplement : « l’homme qui croit à autre chose que la Technique

Georges Bernanos, 1945, La France contre les robots

 

L

‘identification électronique concerne moins les éleveurs que l’ensemble de la population. S’ils sont les seuls aujourd’hui à se mobiliser contre, c’est qu’ils éprouvent de la manière la plus brutale l’incursion de ce nouveau contrôle social dans leur vie. Les raisons de les soutenir ne manquent pas. Les raisons de les imiter dans leur révolte non plus. Ce qu’il nous manque c’est le courage et la confiance d’exprimer notre refus. Ce qu’il nous manque c’est la faculté de ramener les questions de choix technologiques sur le terrain du politique, afin de se questionner sur la sorte de vie que nous voulons vivre. Ces choix de société n’appartiennent ni aux experts ni aux scientifiques. Personne n’a le droit de décider à notre place. Retrouvons-nous place Bellecour à 15 heures afin de nous joindre aux éleveurs.   

TOUS PUCÉS

Quelques moutons noirs réfractaires à l’ordre social

 

Transhumance Urbaine contre l’identification électronique et la certification de la « voie mâle »

Depuis 2010, les éleveurs/ses de petits rumi­nants sont obli­gés d’iden­ti­fier électroniquement leurs bêtes, à l’aide de bou­cles munies d’une puce RFID.

La loi de Modernisation Agricole de 2006 annonce pour 2015 une autre mesure dans la même veine : l’obli­ga­tion d’uti­li­ser une « voie mâle » (repro­duc­teurs ou semen­ces) cer­ti­fiée, dépos­sé­dant ainsi les paysan-ne-s encore un peu plus de la ges­tion de leurs trou­peaux.

Face à ces mesu­res, la lutte s’ampli­fie depuis plu­sieurs mois, avec une trans­hu­mance dans la Drôme, dans les Alpes de Haute-Provence, l’occu­pa­tion début sep­tem­bre de l’Agence des Paiements de Limoges… Dans le Tarn et en Ariège, des contrô­les sur des fermes ont été accueillis par des dizai­nes de per­son­nes venues sou­te­nir leurs col­lè­gues.
Pour conti­nuer et ampli­fier la lutte, soyons nom­breux/ses aux côtés des éleveurs/ses le 24 octo­bre.

Rendez vous à 10 h à l’ASP (agence char­gée des paie­ments PAC), cité inter­na­tio­nale.
Puis pique-nique à 13h à la Préfecture.
Arrivée du trou­peau autour de 16h place Bellecour.

L’appel de la Confédération Paysanne pour le Jeudi 24 :

Comme plu­sieurs cen­tai­nes d’éleveurs et de pay­sans rho­nal­pins, vous avez ou allez) signer la péti­tion contre l’iden­ti­fi­ca­tion électronique obli­ga­toire et la cer­ti­fi­ca­tion obli­ga­toire des semen­ces ani­ma­les. Comme des cen­tai­nes d’éleveurs, vous en avez marre que l’on nous impose des normes tou­jours plus sévè­res, et de satis­faire à des obli­ga­tions « bureau­cra­ti­ques » condui­sant à une com­plexi­fi­ca­tion et à une indus­tria­li­sa­tion à marche forcée de nos élevages. Les mobi­li­sa­tions pré­cé­den­tes ont permis d’obte­nir un peu de répit avec le report à début 2015 de l’obli­ga­tion de rebou­clage des adul­tes, mais le compte n’y est pas. Soyons nom­breu(ses)x à conduire un trou­peau non pucé dans Lyon, pour remet­tre les péti­tions à l’admi­nis­tra­tion et dire STOP ! On ne peut pas tou­jours la bou­cler !

Pour en savoir plus sur l’iden­ti­fi­ca­tion électronique et la cer­ti­fi­ca­tion des mâles rumi­nants :

- Le film Mouton 2.0, la puce à l’oreille.

- Mes brebis comme des machi­nes, extrait de la revue Z numéro 1.

- une bro­chure du col­lec­tif « On veut pas la bou­cler ».

- Le sperme des rumi­nants est une mar­chan­di­ses, bro­chure issue de CQFD.

- Des émissions des paysan-ne-s dans la lutte des clas­ses sur la résis­tance à l’iden­ti­fi­ca­tion électronique ici, ou là.

L’appel de la Conf’.

La péti­tion

P.-S.

Pour venir :
ASP : 45 quai Charles de Gaulle – 69006 Lyon.

Préfecture : 106 rue Pierre Corneille Lyon 03.