« No puçaran »: une compilation de nos émissions contre l’identification électronique et la certification de la « voie mâle » dans l’élevage au format CD audio, est disponible dès à présent.

Depuis 2010, les éleveurs et éleveuses de brebis et de chèvre sont obligé-e-s d’identifier électroniquement leurs animaux avec une boucle équipée d’une puce électronique, en plus d’une autre boucle plastique classique. En 2015, deviendrait obligatoire le recours à « une voie mâle » certifiée pour tous les ruminants : c’est à dire des mâles ou semences certifiées par un organisme officiel. Ces mesures sont une couche de plus dans le contrôle administratif que subissent les paysan-ne-s, dans un contexte où le pastoralisme et l’élevage paysan sont déjà en difficulté, accélérant la concentration de la production agricole.

Sous couvert de « traçabilité », ces mesures sont des outils de rationalisation des productions animales, cohérentes uniquement dans la gestion de flux de marchandise animale mondialisés. Comme dans l’éducation, l’artisanat, la médecine, le travail social, partout des personnes se voient dépossédées de leurs activités au nom de la gestion rationalisée et de la modernisation.
Dans l’élevage, celles et ceux qui s’y opposent se voient désormais supprimer leur subventions de la PAC, qui représentent jusqu’à 60 % des revenus d’une ferme en élevage ovin par exemple. Malgré cette menace, de nombreuses personnes continuent à s’opposer à ces mesures administratives, et s’organisent collectivement pour résister à tous les niveaux. Ces trois dernières années, se sont multipliés les transhumances collectives pour protester contre ces mesures, les occupations de lieux de pouvoir, les perturbations d’événements célébrant les nouvelles technologies agricoles. Parallèlement, les pistes juridiques pour faire abroger ces réglementations ont été creusées :
→ la certification obligatoire de la « voie mâle » devrait heureusement être abrogée dans la nouvelle loi d’avenir agricole (en deuxième lecture au sénat). Mais les logiques d’uniformisation et de concentration de la sélection se poursuivent quand même sur le terrain.
→ pour l’identification électronique, si l’obligation pour l’ensemble des troupeaux a été reportée à fin 2014, cela semble surtout être un recul « pour mieux sauter », le temps que les industries de l’aval s’équipent avec le matériel nécessaire (abattoirs notamment). Un procès à la Cour de Justice de l’Union Européenne ayant été perdu par des éleveurs/ses en 2013, les pistes de ce côté-ci sembles épuisées.
Sur le terrain, certain-e-s ont commencé à s’organiser, pour se réapproprier la gestion de leurs troupeaux d’une part, et d’autre part pour ne plus rester seul-e face aux contrôles et à la répression : accueil de contrôle de la Politique Agricole Commune avec des dizaines de camarades, création de caisses de soutien, échanges d’expériences avec d’autres personnes confrontées aux mêmes transformations de leur quotidien. Et la lutte continue…
Depuis 2011, dans les paysan-ne-s dans la lutte des classes , des éleveur/ses et berger-e-s qui résistent ont témoigné de leurs luttes, de leurs réalités, souvent lointaines depuis la ville. Ce disque compile quelques-uns de leurs témoignages. Les bénéfices seront reversés aux collectifs contre le puçage, pour soutenir celles et ceux qui subissent déjà les sanctions.