Intermittents et Paysans

Les Annexes 8 et 10 de la PAC remettent en cause la conditionnalité malgré la Contribution Volontaire Obligatoire de la CAF et la CMU confondu.

Alors que le Medef¹ déclare que « ce n’est pas à l’assurance chômage de payer la culture », l’Europe décide de réformer la PAC².

Les Intermittents du spectacle se battent contre l’hégémonie culturelle de la Commission Européenne et les paysans luttent contre la monoculture du patronat… Ou peut être l’inverse je ne sais plus…

Que penser de la confédération paysanne qui interrompt le festival d’Avignon, ou de la coordination intermittents précaire qui démonte l’usine/ferme des milles vaches ?

De toute manière les annexes 8 et 10 remettent en cause la conditionnalité.

Nous avons beau payer notre Contribution Volontaire Obligatoire (CVO) en 507 heures ou 43 cachets, nous déclarons quand même une demi SMI³ à la CAF⁴ et la MSA⁵ nous remet une allocation forfaitaire de la part des ASSEDICS⁶

Dans le Nord, il y a 100 ans, débutait la guerre de 14, nous faisons donc des betteraves pour les bio-carburants, mais comme le cour du blé a chuté nous allons faire un film sur les Poilus.

Nous sommes libres mais faut bien faire ce que l’on attend de nous.

Vous saviez que les dirigeants successifs de Monsanto étaient tous fan de Beaumarchais ? Non pas qu’ils aiment le théâtre non, juste le concept du droit d’auteur…

On brevette bien des œuvres de l’esprit alors pourquoi pas des semences végétales ou animales ?

Nous avons donc finalement déposé le sperme de notre bélier à la SACEM⁷.

Mais heureusement qu’il y a un label Bio pour savoir quel film regarder au cinéma, car nous tenons à consommer uniquement du fromage art et essai.

Vous savez que depuis peu, grâce à la demande RCPA⁸ au CNC⁹ nous avons un numéro de visa pour la traçabilité électronique de nos brebis ? Et en joignant un formulaire à la DDT¹⁰, on obtient une boucle pour la commission de classification des films.

Par contre en 6 mois ça fait 2 fois que l’ASP¹¹ vient contrôler ma salle de bain pour voir si ma coloc n’est pas en fait ma copine, et 3 fois que la CAF vérifie si nos parcelles cultivées correspondent au relèvement satellites.

La suspicion généralisée règne. La norme est l’arme du pouvoir industriel.

Autour de nous c’est consensuel de blâmer les supermarchés Pathé et les multiplexes Carrefour.

En revanche, lorsque l’on dit du mal de la SAFER¹² ou de la PAC, on me répond que je scie la branche sur laquelle je suis assis, et quand nous critiquons le CNC ou la DRAC¹³ on me dit que je mords la main de celui qui me donne à manger.

Mais les uns règlent les lois, pour que les autres règlent les affaires. Et nous ne voulons pas d’eux !

Rhaaaah ces paysans conservateurs et arriérés…

Rhaaaah ces intermittents agitateurs et gâtés…

Nous ne voulons pas répondre d’une politique agricole pour nous nourrir, et nous n’attendons pas une politique culturelle pour être.

« Vous vous tirez une balle pied », « vous crachez dans la soupe »…

C’est à peu près toujours ce même discours empreint de colonialisme qui infériorise ceux sur qui il exerce un pouvoir d’aliénation. Rabaisser toujours plus pour soumettre à l’esclavage d’un système dont il est impossible de s’extirper. Et il faudrait encore dire merci à son maître.

Il s’agit de dénoncer et combattre cette aliénation. Il ne faut pas hésiter à remettre en cause radicalement les institutions en elles mêmes, plutôt que leurs supposés dysfonctionnements.

Car, peut-on reprocher au Medef de défendre les patrons ?

Peut-on en vouloir à une Europe libérale de signer un traité de libre échange ?

Doit-on s’indigner des services de renseignements qui nous fichent ?

Peut-on attendre de l’autonomie de la part d’états gestionnaires ?

Est-il absurde que les dominant dominent ?

…

Mais rassurez vous il y a la FNSEA¹⁴ et la CGT¹⁵ spectacle pour nous représenter car il faut bien « concerter les partenaires sociaux » avant de décider…

Et puis nous sommes pour les convergences, mais que lorsqu’elles servent nos propres intérêts.

Nous réglerons nos problèmes agricoles dans notre petit pré carré, dans l’illusion d’être en dehors de la société industrielle, grâce à des réformes portées par nos syndicats de paysans au sein de la chambre d’agriculture.

Et puis la Culture (celle avec une majuscule) c’est différent : nous nous sommes de Gaaûûche ! Quand nous défendons corps et âmes l’industrie de l’abrutissement c’est pour sauvegarder l’exception culturelle, vous savez ce patriarcat étatique auxquels nous sommes volontairement asservis…

Vous pourriez me répondre, « Mais de quoi je me mêle ? » Et vous auriez bien raison car je ne suis ni paysans, ni intermittent…