Notre livre de recettes préféré est un catalogue de 68 pages, un grimoire sérigraphié qui contient à la fois des mets ancestraux dont seules les plus anciennes ont le secret et des saveurs nouvelles qui viennent nous bousculer les papilles et les pupilles. On conspire entre nous et on extrait de cet encyclopédie quelques mets à inscrire à notre ardoise pour le festin du soir, qui va nous mener de la Bretagne au bout de la Manche. C’est qu’on est un genre de resto ambulant et turbulent qui met les pieds sous la table dressée par de généreux hôtes. Avec vu sur l’océan de préférence mais on se sent aussi à l’aise au pied de l’Église ou accolé à un garage, au coeur d’un lieu de vie ou à l’arrière d’une cidrerie.
Toute bonne recette commence par le choix de la playlist musicale. Que ce soit pour préparer ou pour déguster, chaque musique impulsera son rythme, son ambiance. La boom de St Nazaire brise la glace en attendant la suite du programme, le violoncelle de Powercello et les perfs du duo Claude Ultraviolet montrent qu’on a aussi des potes qui tiennent la route alors que nos performances au karaoké témoignent que, faute de talent, on met du cœur à l’ouvrage !
Pour l’entrée, on s’est fourni chez les voisines des Sonorités. Elles nous ont servi généreusement avec une quinzaine de créations sonores. De la fiction, du documentaire, des créations plus ambiantes, une rencontre d’univers sur un plateau. Forcez-pas trop sur le sel, c’est déjà bien épicé pour une mise en bouche. A l’occasion, élargissez la carte des entrées selon l’arrivée de nouveaux ingrédients. Après les créations sonores et les concerts, voilà l’atelier de sérigraphie de l’Insolation qui vient. Certaines dates se transforment en buffet à volonté. Le four mobile nous sort pains, brioches et pizzas parce que toutes les nourritures ne peuvent pas être intellectuelles.
Nos plats de résistance se servent à la nuit tombée, subtil agencement des meilleurs ingrédients qu’on a récolté au printemps. On agence notre programmation comme on dresserait des banquets avec vue sur la mer. C’est parfois trop copieux mais c’est qu’on aime rester attablé jusqu’à tard, à refaire le monde jusqu’au digestif.
Quand la température descend, on regrette la chaleureuse intimité de notre chapiteau, son cocon qui accueille habituellement un buffet bien plus garni. Le trou normand nous permet d’affronter le froid, la pluie et le vent, même en petit comité. Notre écran plein air est déformé par le souffle océanique, on est à cours de plaid mais la dégustation suit son cours.
C’est déjà l’heure de débarrasser. La plonge s’active et on s’attarde pas, ça rend toujours nostalgique une salle avec les chaises sur les tables. Un petit Tetris et toute notre petite affaire rentre dans le camion. On claque une derrière fois les portes et on repart à la recherche de nouvelles inspirations, ingrédients surprises et renforts pour l’année prochaine. En attendant, on vous laisse avec notre menu en libre service sur notre site.