LE FILM

 AFFICHE FINAL

SYNOPSIS

À Bagneaux-sur-Loing les immenses verreries ont presque toutes fermées, entrainant avec elles la disparition des souffleurs de verre et de leurs précieux savoir-faire. Pourtant, avant l’arrivé de l’industrie sur son territoire, cette petite bourgade proche de la forêt de Fontainebleau a abrité pendant 250 ans une verrerie artisanale où plusieurs générations de verriers ont prospéré.

Au début du XXème siècle, un groupe industriel met la main sur la petite verrerie et y implante la fabrication du verre PYREX à grande échelle. En quelques années, Bagneaux-sur-Loing devient une immense cité ouvrière attirant les verriers de la région venus tenter l’expérience du progrès industriel. Personne ne pouvait se douter que la cité et les souffleur de verre vivaient alors leur dernier souffle…

À travers les témoignages de trois générations de verriers ayant travaillé à Bagneaux-sur-Loing, ce film dessine les conséquences à long terme de l’implantation de l’industrie sur un territoire et ses hommes. Il nous questionne également sur la place du travail manuel aujourd’hui dans notre société et l’évolution de notre rapport à la matière.

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Fiche technique du film

Écriture et Réalisation :  Florian Debu

Production : Synaps Collectif Audiovisuel

Image : Florian Debu & Athys de Galzain

Montage : Viviana Robles Hatta

Musique et Mixage son : Matthieu Seignez

Étalonnage : Magali Marc

Archives : CICLIC Région Centre

Voix off raconté par Antoine Deroudilhe

Format : HD 1920/1080 – 16/9 – Couleur – VOFR, Stéréo – 52mn

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NOTE D’INTENTION

Le concept de la mondialisation tel qu’utilisé actuellement a pris une signification de nature presque entièrement économique, notamment à causes des conséquences liées à l’expansion mondiale de la libéralisation des échanges (de biens, de main-d’œuvre et de connaissances) parmi lesquelles on peut compter la récente crise financière et le phénomène de désindustrialisation.

Pourtant, je souhaite me pencher sur des signes de malaise souvent méconnus qui sont d’ailleurs apparus bien avant que la mondialisation économique se soit affirmée avec toutes ces preuves, quand a été adoptée l’expression du « village mondial ». Au premier plan de ces caractéristiques préoccupantes se situe l’accélération d’un phénomène de perte « d’identité individuelle » qui afflige depuis quelque temps la grande partie de ce que nous appelons les sociétés « avancées ».

J’ai pris conscience de ce problème en 2012, lorsque je suis retourné dans la ville de mon enfance, Bagneaux-sur-Loing, une petite cité ouvrière, haut lieu de la fabrication verrière depuis plusieurs siècles.Une série de mouvements sociaux avaient attiré mon attention. La perte de 220 emplois et la fermeture d’une des dernières verreries industrielles de la ville étaient en jeux. Mais derrière les revendications économiques, les verriers exprimaient une peur. Celles de ne plus pouvoir travailler le verre. Un sentiment qui au premier abord peut paraître insignifiant dans un contexte économique et social précaire.

La maitrise du verre nécessite une patience et une abnégation sans faille que seule la passion absorber. Une passion qui se transforme avec le temps en obsession. Pour certain verrier, le simple fait de ne plus être en contact avec cette matière provoque un manque, un mal-être. Je comprends cet l’aspect vital que l’on peut retrouver dans d’autre métier qui rapproche l’homme au plus  près de la matière.

André Schmid, mon grand-père, est souffleur de verre au chalumeau. Dès ma jeunesse j’ai pu observer ses mains rugueuses transformer de longues baguettes de verre, rougies par les flammes du chalumeau, en véritable œuvres d’art. C’est un spectacle qui aujourd’hui encore me bouleverse. Ce savoir-faire et cette passion du verre, il l’a tient de son père. Dans sa famille, le métier s’est transmis en continu pendant 13 générations.L’arrêt brutal de ces traditions familiales, très présentes à Bagneaux-sur-Loing, s’est cristallisé dans la génération de mon grand-père lorsque l’industrie verrière s’est effondrée à partir du début des années 80.Bagneaux-sur-Loing est une famille guidée par le travail du verre et son histoire. Pendant plus de 250 ans, ses habitants et les verriers, on crée un tissu social et économique unique dans la région.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’économie française s’est tournée vers une industrialisation de masse. De nombreux secteurs comme celui de la production verrière n’ont pas échappé pas à cette révolution. À la fin des années 60, le système industriel en France est à son paroxysme. À Bagneaux sur Loing, plus quatre mille ouvriers travaillent dans d’immenses sites de production.

« Nous étions dans l’euphorie de ce que l’on appelle aujourd’hui « Les Trentes Glorieuses ». Quand j’étais jeune rien ne me plaisait plus que de travailler le verre. A Sovirel, il y avait du travail à pu s’avoir qu’en faire et je gagnais suffisamment d’argent à l’usine pour faire vivre ma famille qui profitait également des avantages sociaux acquis quelque année auparavant. Ma famille et moi étions heureux. Il était difficile dans ces conditions de remettre cause l’industrie verrière et son système. Comment imaginer que tous cela s’arrêterait un jour ».

Roger Vana, Souffleur de verre à la canne

Mon grand-père et tant d’autre comme lui, ont fait partie de cette génération de verriers qui ont déserté les petits ateliers artisanaux pour vivre le progrès industriel à Bagneaux. Malgré le plein-emploi et les nombreuses innovations techniques ils constatent aujourd’hui avec amertume les conséquences de cette surindustrialisation des métiers du verre. Avec le temps, ils se sont retrouvés à la fois acteurs et victimes du système économique qui aujourd’hui fait disparaître leur métier. Une situation difficile à vivre aujourd’hui pour beaucoup de ces hommes.

En donnant la parole à ces verriers et en racontant l’histoire de cette petite bourgade, je voulais mettre en lumière les conséquences à long terme de notre système économique sur une population de travailleur manuel qui ont fait la richesse de leur pays pendant siècle et qui aujourd’hui sont délaissé par les pouvoirs publics.A la précarité économique, se greffent la frustration de ne plus pouvoir vivre pleinement leur passion et un brutal effritement identitaire. En France, ces souffrances encore cachées, touchent des milliers de personnes dans les zones en forte désindustrialisation et pourraient bien un jour se révéler violemment au monde.

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