Ça y est, le temps des réunions de nuit dans le bureau du maire
et des heures perdues au téléphone est révolu.
« On ne demande pas la lune juste un délai »
Nous avons été appelé lundi 18 décembre pour nous informer d’un nouveau délai de 50 jours dont on devrait s’estimer reconnaissant. La nouvelle date du passage à l’échafaud est donc prévue pour le 28 février. Le soir même, un rendez-vous avec le maire d’Arcueil et l’élu à l’urbanisme dévoile leur mépris. Ils nous proposent une lettre, dont nous serions les expéditeurs, et qui soulignent les contreparties de ce sursis : des jours amendes de 350 euros en cas d’occupation après cette date. Après quelques échanges avec les élus et la SAF 94 pour établir une contreproposition, la messe est dite : signez cette lettre ou nous lançons une procédure d’expulsion en référé le 8 janvier. Après le 28 février, la sainte rénovation prendra le relais du 18 rue Henri Barbusse, sous les oripeaux d’une gentille cantine derrière laquelle se cache la transformation à venir de tout le quartier. Enfin, on dit ça, mais la sainte rénovation elle devra quand même attendre la date de
départ indéterminée des derniers occupants du bâtiment.
Sans surprise
Nous sommes loin d’être consternés de ces pratiques que nous connaissons, de cette bonne dose d’arrogance, de leurs catégories étriquées où le monde marchand incarnerait la fiabilité, la rigueur, le sérieux. Nous sommes fiers d’incarner un monde hors de toute logique économique, des « renégats» non aliénés, préférant la mutualisation de matériel audiovisuel, les Rencontres d’Ailleurs, le Cinéma Voyageur ou la création de films hors de l’ordre, inintéressant d’un point de vue électoral.
Merci à celles et ceux qui ont suivi nos récentes aventures et qui nous ont montré leur soutien, nous ayant permis d’ arracher 50 pauvres jours de délai à la machine à restaurer et à réhabiliter. Bien loin des promesses faites pour ceux et celles qui les croient devant notre chapiteau… Bien décevant aux vus de l’énergie que cette négociation absurde nous a coûté…
Cette expérience rappelle la nécessité et notre souhait d’alimenter nos liens avec d’autres collectifs, proches ou lointains géographiquement, et dont le soutien lors du conseil municipal du 15 décembre nous a particulièrement ragaillardi après cette monumentale perte de temps à négocier avec les élus au lieu de chercher de nouveaux locaux.
Bye-bye ce quartier donc, l’épicerie de nuit risque de connaître une crise sans précédent.
Bye-bye la mairie, qui après des années à ignorer notre existence nous a, ces dernières semaines, simplement démontré son dédain et son paternalisme.
On en serait presque à leur chanter La Dernière Séance sous leur fenêtre mais on est d’humeur un peu plus 2014… https://www.youtube.com/watch?v=F_rEHfLgdcY&feature=youtu.be&t=58
De notre côté, qu’est-ce qu’on devient donc ? Rien de signé mais on a des pistes sérieuses…
À partir de maintenant, 60 jours pour chercher un nouveau lieu.
60 jours pour bricoler une solution d’urgence et imaginer du moyen terme.
60 jours pour emballer 10 ans d’activités, dont 3 à grossir dans ces locaux.
60 jours pour faire des cartons tout en continuant à faire du montage et soutenir des projets, entrecoupés de discussions aussi réjouissantes que « est-ce qu’on préfère sacrifier notre labo photo ou notre studio son ? »
60 jours pour continuer la gestion courante du collectif et fantasmer des futurs.
C’est sans regret que nous quittons votre terre de bêtise ô Mairie d’Arcueil.
Nous irons abreuver d’autres territoires de ce que nous sommes.
10 ans d’existence,
12 films produits
150 films en auto-productions soutenus
Des milliers d’heures de rushes
286 jours de projection en itinérance
Plus de 20 000 spectateurs
56 454 kms parcouru en camion caravane
1543 heures de réunions pour expérimenter une organisation collective horizontale (beaucoup plus non ?)
6 caméras, 11 micros, 56 câbles XLR…
Une centaine d’adhérents par an
2 salariées, 3 services civiques
Plus de 6 000 DVD vendus
Plus de 2000 heures de formations à l’audiovisuel
Des rencontres et des liens in-quantifiables, où à la fin c’est nous qu’on va gagner/vivre !