{Troubles} 1er épisode en ligne + appel à participant-es

« Emmanuel au milieu du désert », réalisé par yannick et produit par Synaps, est maintenant librement visible en ligne. Il s’agit du premier épisode de « Troubles« , une série documentaire sur les sexualités que nous nous apprêtons à produire.
Le synopsis : Quand le vernis rose s’écaille à cause de la terre bêchée, comment expérimenter une homosexualité à la fois radicale et rurale ? Comment réinventer sa sexualité au milieu d’un désert ?

Un appel à participant-es est en cours pour cette série. Tous les détails sont dans ce PDF.

Appel à participant-es dans le cadre d’une série sur les sexualités

Par qui ?

   Je m’appelle Yannick et je réalise depuis plusieurs années des films en marge de l’industrie cinématographique. Des essais avec peu de certitudes, mais habités par une volonté d’exprimer un rapport au politique avec des images qui bougent et du son. Au cours de cette recherche, j’ai croisé la route de Synaps, un collectif qui produit des films avec les même envies, en diffuse via une grande épopée en camion-caravane l’été et qui me suit dans le projet dont il est question ici.

   Depuis plusieurs films, je m’intéresse aux thématiques de genre, des sexualités, et plus généralement au rapport au corps. Depuis un point de vue de mec hétéro blanc pas à l’aise avec l’injonction à la virilité et à la réussite, et avec tout ce que vivre avec une sœur handicapée peut déconstruire du rapport à la « normalité ». J’ai réalisé en 2018 Emmanuel au milieu du désert, un documentaire de 30min sur un copain pédé qui a quitté les squats lyonnais pour vivre en Ariège, découvrant le désert sexuel au milieu des montagnes et les rapports complexes à l’homosexualité dans cet univers. Le film a été diffusé dans des festivals spécialisés sur les sexualités (Berlin PornFilmFest,…) ainsi que dans des lieux associatifs et militants. J’y ai aussi découvert une forme que j’ai envie de continuer à creuser.

   Emmanuel au milieu du désert est devenu le premier épisode de Troubles, une série documentaire qui allie témoignages audio et images explicites de sexualités. L’idée est d’explorer l’intimité et ses failles, dans une forme naviguant entre le documentaire et la pornographie. Créer un ensemble qui explore ce qui grippe, ce qui échappe à une vision dominante du genre et de la sexualité comme quelque chose d’évident, de mécanique. Partir à la recherche de pans entiers de doutes, de questionnements, de luttes pour se construire un rapport hors norme à la sexualité.

Parce que c’est encore le plus parlant, voilà le lien pour le premier épisode :

https://vimeo.com/300929489

Je prépare les prochains épisodes et je cherche donc des personnes qui accepteraient de témoigner et d’être filmées dans leurs pratiques, autour des thèmes suivants :

Épisode sur le Pegging

Je cherche des couples hétéro qui pratiquent le pegging, c’est-à-dire le fait pour une meuf de prendre son mec avec un gode-ceinture. Il peut s’agir d’une pratique régulière ou que vous débutez. Je m’intéresse aux problématiques qui sont embarquées par ce renversement des relations hétéronormées : l’abandon et la perte de contrôle chez lui, son pendant d’empowerment et de prise de contrôle chez elle. Ou bien l’inverse ? J’ai envie de laisser aussi une place importante à son ressenti à elle, le traitement habituel de ce sujet mettant souvent en avant le mec. Je souhaite aussi interroger et filmer la communication nécessitée par le fait d’être dans une pratique moins habituelle, le fait de décentrer la sexualité masculine de la bite…

J’attends de pouvoir ainsi discuter à la fois de parcours de déconstruction, mais aussi de fantasmes, de sensations. Avec comme questions en fil conducteur : qu’est-ce que cette pratique raconte sur comment on fait l’amour d’habitude, normalement ? sur comment on nous a appris à le faire ?

Épisode sur la promiscuité sonore

Plus jeune, on essayait de faire le moins de bruit possible pour pas se faire griller par les parents. Plus tard, on s’est retrouvé dans des colocations où de jeunes adultes vivaient dans des chambres destinées à des portées d’enfants. La promiscuité des immeubles en ville, construit dans une logique de rentabilité, nous laissera toujours à une portée de cri du voisin d’à côté. Jusqu’au jour où nous pourrons acheter une maison en périphérie.

Qu’est-ce que ça nous apporte de libérer nos voix, de pouvoir faire du bruit ? Qu’est-ce que ça nous fait de limiter le bruit, entre le jeu momentané et la contrainte permanente ? En duo mais aussi dans nos pratiques solitaires.

Quelles sont les places des normes dans nos bruits ? Quelles sont les asymétries de genre entre des meufs que le porno pousse à surjouer leur plaisir et des mecs qu’on réduit au silence ou à la virilité d’un échange de tennis ? Quelles asymétries de classe quand on subit son logement et que les vacances se font en tente ?

Qu’est-ce que ça fait d’entendre les autres ? Est-ce qu’on arrive à s’en foutre, d’être entendu ou d’entendre ? Quel est notre rapport à l’intimité ?

Je cherche des personnes qui voudraient témoigner (à l’oral, sans image) de leur rapport à la promiscuité sonore, au fait d’entendre les autres ou d’être entendu faire du sexe, qui ont réussi à dépasser cette contrainte ou non… Cet épisode mêlera plusieurs témoignages sonores.

Épisode sur le rapport entre santé et sexualité

Que se passe-t-il quand il y a un grain de sable dans la machine ? Lorsque notre corps n’est pas ou plus capable de répondre à l’injonction à la performance et aux pratiques normées, comment on réinvente d’autres choses pour continuer à frissonner de plaisir ?

Je cherche des personnes qui ont dû réinventer leur sexualité suite à des problèmes de santé, pour être à la fois filmées et interrogées. J’ai plutôt envie de m’orienter vers des maladies et autres soucis de santé qui n’ont pas un lien direct avec la sexualité mais qui l’impactent.

Épisode sur les sexualités orales et la masturbation mutuelle

J’ai envie de travailler conjointement sur la sexualité orale et sur la masturbation commune. Ces pratiques sont liées puisqu’elles sont considérées comme des préliminaires et très rarement comme des actes sexuels à part entière. Un échauffement automatiquement kiffant pour la personne qui reçoit et sans trop d’intérêt, voire dégueux ou humiliant pour celle qui donne, complété par une vision bien genrée de la chose.

J’ai donc envie de travailler sur les deux pans, collecter des témoignages de personnes qui donnent et qui aiment ça et d’autres qui reçoivent et pour qui c’est moins évident. Je suis curieux de cette seconde partie, d’arriver à ce qu’un mec ou une meuf me raconte un rapport contrarié au fait d’être branlé-e, sucé ou léchée, de déconstruire le systématisme qui l’entoure, d’explorer des sexualités qui évacuent, contournent ces pratiques. Pour les personnes qui plutôt kiffent pas, il me paraît opportun de ne faire qu’un entretien sonore.

Quel cadre ?

L’appel est ouvert à tout le monde, quelque soit l’identité de genre ou l’orientation sexuelle. Mon envie première est de filmer des personnes avec une sexualité en déconstruction/reconstruction et pas forcément pleines de certitudes. A priori, on cherche plutôt des personnes qui ont déjà une relation, une sexualité en commun. J’ai certaines idées de mise en scène, d’éclairage etc mais l’idée est de rester aussi dans une démarche documentaire, sur des tournages en équipe très réduite, où les personnes filmées ne sont pas arrêtées pour faire un gros plan, pour prendre telle ou telle position. On essaie de réfléchir à des tournages les plus safe et conforts pour tous-tes et on est curieux d’échanger avec vous là-dessus.

Il s’agit d’un projet documentaire en-dehors de ce que ce qui se fait habituellement dans l’industrie du cinéma. Cette série ne s’inscrit pas non plus dans l’économie du porno, qu’il soit mainstream ou éthique/féministe. Il n’y a pas de rétribution prévue pour les personnes à l’image comme pour les personnes derrière la caméra. On tend vers un modèle d’équité où les (peu probables) bénéfices seront redistribués entre les personnes ayant œuvrées pour la série. L’objectif principal de diffusion est de faire des tournées de projections publiques (complétées par quelques festivals). Il y a beaucoup de choses à définir ensemble (ce qu’on filme, comment, les questions de diffusion etc) et même si j’ai des idées/envies, j’ai envie qu’elles soient redéfinies avec les personnes qui seront filmées.

Si vous êtes intrigué-es, vous pouvez me joindre à troubles at synaps-audiovisuel.fr

Vous pouvez transmettre cette recherche à des personnes que vous pensez intéressées mais merci de ne pas le publier sur des plateformes publiques.

Équipe technique

Si vous êtes intrigué-e par le projet mais pour être plutôt derrière la caméra que devant, ma boîte mail est aussi ouverte. Je cherche notamment des personnes motivées par le son, que ce soit en prise de son, en mixage ou en création sonore.